dimanche 29 octobre 2017

La base Alfred Faure sous la neige

Jour blanc sur l'Île de la Possession

Les photos d'Yvan Ollivier


Yvan, notre Gérant Postal et notre Monsieur Météo local, a pris quelques photos hier matin alors que la base se réveillait sous la neige. Après une belle matinée bien ensoleillée, le temps de l'après-midi du vendredi s'était brutalement dégradé, nous rappelant qu'à Crozet toutes les saisons se succèdent en 24h.

Petite visite de la base sous la neige ...


Les logements de l'Albatros et les laboratoires du BioMar en sous-sol

La VieCom qui abrite les lieux de vie communautaire : salle de restaurant et cuisine, bar, salle de billard, cinéma et bibliothèque.

L'hôpital en arrière plan et les ... chambres froides à gauche.

Vue sur la mer depuis le pied de la VieCom.

La VieCom et l'Albatros retrouvent le soleil printanier.

Le Francès, autre bâtiment de logement et l'Azorelle au fond, où sont regroupées toutes les activités télécom et la gérance postale.

L'omniprésente Île de l'Est coincée entre la VieCom et l'Azorelle

jeudi 26 octobre 2017

Les albatros fuligineux de Crozet : fiches espèces

Les "fulis" à dos clair ou à dos sombre, comment les reconnaître ?


Albatros fuligineux à dos clair

Nom anglais : Light-mantled sooty albatross
Nom latin : Phoebetria palpebrata

Généralités

L'Albatros fuligineux pèse de 2,5 à 3,7 kg (maximum de 4 kg) pour une envergure de 1,8 à 2,2 m. Ses ailes sont effilées et sa longue queue est pointue à son extrémité. Son corps est gris cendré. Les parties supérieures brun grisâtre présentent une zone plus claire sur le dos. Le bec noir est bordé d'une ligne bleue sur la mandibule inférieure. Les cercles orbitaux sont blancs et interrompus en avant des yeux. Il se nourrit dans les eaux antarctiques, alors que son cousin le fuligineux à dos sombre (ou albatros brun), commun à Crozet et Amsterdam mais rare à Kerguelen, fréquente plutôt les eaux subtropicales.

Reproduction

Il niche sur les falaises en nids isolés ou petits groupes. Il ne se reproduit qu'une fois tous les deux ans, et peut vivre plus de 50 ans. Les oeufs sont pondus entre Octobre et Novembre et les éclosions s’étalent entre décembre et janvier. Les éclosions sont particulièrement synchrones au sein d’une colonie. Les jeunes de l’année prennent leur envol en Mai – Juin et n’atteindront leur maturité sexuelle qu’entre sept et douze ans.

Menaces

Les prédateurs introduits constituent une menace par le biais de prédation sur les oeufs et les poussins (Rats, Chats …). Il est également menacé par la pêche palangrière qui tue accidentellement nombre de ces oiseaux chaque année.




Albatros fuligineux à dos sombre

Nom anglais : Sooty albatross
Nom latin : Phoebetria fusca

Généralités

Cet albatros pèse de 1,8 à 3 kg pour une envergure d'environ 203 cm.
Son plumage est plus foncé que celui de l'Albatros fuligineux à dos clair et ne présente pas de zone pâle sur le dos. Son bec sombre présente une bordure jaune crème sur la mandibule inférieure.
Il se reproduit en petites colonies sur le haut des falaises. On le retrouve dans la majeure partie des îles de la convergence antarctique mais il se nourrit surtout dans la zone subtropicale.

Reproduction

Le couple se retrouve en Novembre pour construire un nid élevé prévenant des éventuelles chutes de pierres. Tous les deux ans, la femelle pond un seul oeuf qui éclot en janvier. Le poussin est nourri par les deux parents jusqu'en Avril, date de son envol. Le jeune albatros fuligineux ne reviendra sur l'île qu'à l'âge de sept, huit ans pour trouver un partenaire de reproduction auquel il sera fidèle toute au long de sa vie.
Lors de la saison de reproduction, les partenaires effectuent des parades majestueuses en vol. Ces parades se déroulent également à terre et sont des plus complexes chez les oiseaux. Elles sont constituées de quinze attitudes stéréotypées qui se succèdent à un rythme pouvant atteindre une attitude toutes les cinq secondes. Une seule séquence d’attitudes peut durer jusqu’à vingt minutes. Chaque oiseau tenant ainsi compte de ce qu’exprime le partenaire. L’intensité des parades diminue et se simplifie au fur et à mesure de la synchronisation du couple. Ces parades peuvent durer jusqu’à trois ans avant d’aboutir à la formation d’un couple.

Menaces

Menacé par les prédateurs introduits (Rats) qui peuvent exercer une prédation sur les oeufs ou les poussins. Egalement vulnérable au choléra aviaire.









mardi 24 octobre 2017

Les albatros fuligineux des falaises de Pointe Basse

Vertige de l'ornithologie


Nicolas conduisait ce week-end une manip au titre du programme 109 de l'Ipev, un des plus anciens programme scientifique des australes.

Le travail ne manque pas en ce début de dimanche matin où nous profitons d'une accalmie du vent. Nicolas doit descendre dans les falaises de Pointe Basse pour relever les bagues des albatros fuligineux à dos sombre et éventuellement en poser sur les individus qui en seraient dépourvus. C'est une tâche harassante qu'il est le seul habilité à faire car seul l'ornitho 109 dispose des autorisations pour pratiquer l'escalade sur le District ... sécurité oblige.
 
Un prochain article présentera les différences entre les "fuli" à dos sombre et ceux à dos clair. En attendant, place aux images ...

Pour ceux qui n'auraient pas de dictionnaire à portée de main, "fuligineux" fait référence à la couleur noirâtre du plumage. Celle-ci est plus ou moins sombre selon les espèces qui semblent néanmoins toutes couvertes de suie, comme sorties d'une cheminée encrassée. 
     
 
 
En ce matin de fin octobre, Nicolas (ornithologue du programme 109) s'en va d'un pas décidé vers les falaises de Pointe Basse. Travaux du jour : comptage et identification des albatros fuligineux à dos sombre sur oeuf. 

























Le sujet du jour nous observe de son oeil interrogateur.

Nicolas en pleine action en train de remonter sur sa corde avec son "jumar". Les "fuli" l'observent d'un air intrigué : drôle de façon de se jouer de la verticalité semble-t-il dire. Un coup d'aile est les quarante mètres de falaises sont si facilement avalés pour eux.
Un "dos sombre" survole la mer bouillonnante. Vu du haut des falaises le vol de ces albatros est si vif que l'on croirait qu'ils se jouent autant des vagues que des courants d'air.
Nicolas dans un "patch" où nichent plusieurs couples. la manoeuvre est délicate dans un espace aussi restreint. En cette période où les albatros couvent leur unique oeuf, les déranger au risque qu'ils s'envolent condamnerait sans doute la reproduction de l'année du couple.  
Un "dos sombre" sur son nid.


Tendre scène : un couple surpris en train de se "bécoter" alors qu'il se croyait bien à l'abri dans les pentes herbues des falaises de Pointe Basse.
C'était sans compter sur l'opiniâtreté de Nicolas qui repart à l'assaut des murs de pierres et de végétation.
Perché en haut d'un promontoire rocheux difficilement accessible, certains rient de ses efforts. Ils ont tort : à la fin de la journée tous les nids auront été visités et les bagues relevées ou posées.

Un "dos clair" émet son cri caractéristique. Dans les paysages de Crozet et le champ rauque de ces oiseaux , il ne faut pas beaucoup d'imagination pour se croire revenu au Jurassique !

   Ballet aérien









 

Petite leçon d'ornithologie

Un nicheur dans un escarpement beaucoup moins raide que de coutume : une occasion en or de profiter de la pédagogie de notre ornithologue et d'observer de (très) près une des espèces d'oiseau les plus menacées de l'archipel de Crozet.
Discro-ornitho au boulot ...

... sous l'oeil vigilant du maître !

Les Gorfous Macaronis de retour sur l'Île de la Possession


Rencontre fortuite au "Jardin Japonais"

Une fenêtre météorologique favorable s'est ouverte ce week-end, rendant possible une manip express dans le nord de l'île en vue d'un comptage dans la manchôtière et de relevés de nids d'albatros fuligineux sur les falaises du site de Pointe Basse (images à venir sur ce blog).

A flan de falaise, à l'extrémité ouest du Jardin Japonais, un des sublimes sites de l'île de la Possession, nous avons croisé une vingtaine de gorfous macaronis assoupis. Ils sont de retour pour la période d'accouplement comme tous les mois d'octobre, mais c'est toujours une belle surprise que de se retrouver en présence de ce fort sympathique habitant de Crozet.

Voici quelques photos de ces chères têtes ébouriffées avec leur gueule d'ado rebelle. Les plus passionnés de la faune australe trouverons également quelques descriptions du mode de vie de nos amis à la fin de cet article.
    








Nom anglais : Macaroni penguin
Nom latin : Eudyptes chrysolophus 

Généralités

Sa tête et son dos sont noirs alors que son ventre est blanc. Les adultes pèsent en moyenne 5,5 kilogrammes et mesurent 70 centimètres de long. Les mâles et les femelles ont une apparence relativement semblable même si le mâle est plus gros avec un bec plus long. Les jeunes sont moins grands et ont un bec plus petit, plus terne et presque brun. Le plumage de leur menton et de leur gorge est gris foncé et leurs aigrettes sont peu développées, voire absentes. Ils ne possèdent en général que quelques plumes jaunes éparses.
Son alimentation est composée de crustacés, de petits poissons et de céphalopodes. En raison de son abondance, le Gorfou doré est le principal consommateur avien d'aliments d'origine marine. Il mue une fois par an et passe alors trois ou quatre semaines à terre avant de retourner à l'eau.

Reproduction

La cour commence quelques jours après que les femelles sont arrivées dans la colonie. Les mâles la font pour attirer des partenaires et marquer leur territoire. Pour faire la cour, le gorfou macaroni s'incline en avant, fait des bruits lancinants et lève la tête jusqu'à que son cou et son bec soient verticaux. Dans cette position, il fait onduler sa tête d'un côté à l'autre et crie bruyamment. Ils s'inclinent les uns vers les autres et se lissent les plumes. Les gorfous macaronis adultes s'accouplent généralement en octobre et pondent leurs œufs début novembre. Une femelle pond deux œufs par an. Le premier est un tiers plus petit que le second. Ce dernier a peu de chance d'éclore. La couvaison se répartit en trois sessions d'environ douze jours sur une période de cinq semaines. La première session est tout d'abord assurée par les deux parents. Ensuite, le mâle laisse la femelle et part dans l'eau. Quand il revient, il la remplace jusqu'à l'éclosion. Quand il n'y a pas d'adultes pour les protéger, les petits forment des crèches. Mâles et femelles jeûnent pendant de longues périodes lors de la couvaison. Le mâle jeûne tout d'abord 37 jours, puis c'est au tour de la femelle pendant 42 jours et de nouveau au mâle pour 36 jours. Ces jeûnes leur font perdre entre 36 et 40 % de leur poids. Les gorfous quittent leur colonie et se dispersent dans l'océan entre avril et mai.

Prédateurs

Le léopard de mer, les otaries à fourrure chassent occasionnellement les gorfous adultes sous l'eau. Les colonies sont rarement les cibles des attaques de prédateurs qui ne s'en prennent qu'aux œufs et aux jeunes qui ont été abandonnés. Les skuas, le chionis et le goéland dominicain s'en prennent aux œufs, parfois aux petits.

Menaces

Le gorfou macaroni subit les conséquences de la pêche industrielle et de la pollution marine. Les capacités de reproduction des gorfous dorés femelles ont été affectées par la réduction de la densité de krill dans les océans, due aux changements climatiques et à la pêche.