lundi 23 avril 2012

Manip Ecobio à La Pérouse

Par Tiphaine LEFEBVRE, responsable programme 136

Nous voilà partis pour quatre jours à La Pérouse, dans le cadre du programme Ecobio. L’équipe se compose de Julien (Infra), Sébastien (Electricien), Alizée (Agent RN) et Tiphaine (Ecobio). Au programme de cette manip : recherche de planaires (vers plats) dans le Lac Perdu et échantillonnage de plantes endémiques en vue de la réalisation d’un herbier.

Le transit entre la Base et l’arbec de La Pérouse passe par le Lac Perdu, perché à 477 mètres d’altitude. C’est ici que nous devons chercher les fameux planaires, décrits dans un article publié en 1974… 

L’équipe au complet, chaudement équipée pour rechercher les planaires dans l’eau glacée du Lac Perdu
La découverte du Lac Cœur, en descendant dans la Baie de La Pérouse, témoigne de la beauté des paysages. 

Plusieurs espèces caractéristiques de l’île de la Possession ont été prélevées afin de compléter l’herbier. Celui-ci, une fois terminé, rassemblera toutes les espèces autochtones présentes sur l’île. 

Echantillonnage de plantes pour l’herbier, devant « le crayon ».


Le Chou de Kerguelen (Pringlea antiscorbutica)


L’Azorelle (Azorella selago), qui se développe en tapis.

Notre séjour à la Pérouse est aussi l’occasion de découvrir les particularités géologiques des environs, comme celle de la Tour Blanche. C’est en fait un reliquat de lave basaltique écoulé vers la surface qui dépasse d’une dizaine de mètres le plateau volcanique sous-jacent.

Pause photo à la tour blanche

Le matin du dernier jour, nous découvrons à notre réveil les sommets enneigés qui nous entourent. Le retour sur base sera frais! Transit d’environ 5 heures, qui commence par la remontée de la Baie de la Pérouse jusqu’au plateau sur lequel se trouve le Lac Perdu, entouré de sols polygonaux. Ensuite, la traversée du Styx puis la remontée vers la Malpassée nous permet de suivre en contrebas l’arrête des Djinns et ainsi rejoindre le Branca et enfin la Base !  

L'équipe prête à quitter l'arbec, retour sur base...




mardi 17 avril 2012

Alerte Tsunami


Je m'empresse de rassurer immédiatement les proches des hivernants. Il y a bien eu "alerte" au Tsunami, mais comme dans toutes les îles de l'océan indien. Il n'y a eu aucune répercussion sur la Possession (contrairement à celui de 2004, ou une petite vague était parvenu chez nous).
Dans ce cas précis, nous suivons une procédure particulière, déclenchée par le siège. En l'occurrence, nous "sécurisons" les plages accessibles proches de la base ou des refuges (quand ils sont fréquentés). 

Le séisme du 11 avril dernier à eu lieu à 12h38 (heure locale). Les premières ondes ont été ressenties, par les capteurs du "magnéto-sismo" à 12h58'53". Les plus importantes se sont étalées jusqu'à 13h15 environ.


Sur cette image, on peut voir la localisation du séisme dans l'océan indien.

Les différentes ondes

Dans le détail, les capteurs nous montrent les différentes ondes (ondes "P" de compression, ondes "S" de cisaillement, ondes LOVE et RAYLEIGHT sont les dernières captées).

Capture générale

L'image "capture générale" nous montre également que celui-ci est d'une amplitude 100 000 fois plus importante que les petits séismes habituellement captés chaque jour.

Carte 2
Enfin, la carte 2 nous offre un visuel sur la distance séparant les trois districts du séisme (6700 km pour Crozet).

Merci encore à Brieuc pour toutes ces informations (programme 133-139).

jeudi 12 avril 2012

La relève du "119"

Le responsable 2011 du programme 119, Benoit GINESTE nous a quitté il y a peu de temps.

Sylvia PARDONNET lui succède pour 2012. Âgée de 26 ans, diplômée en biologie "écologie de l'environnement", c'est une jeune personne très attachante et passionnée de voyages.

Laissons-les évoquer leur passionnant travail.

Benoit à gauche et Sylvia à droite

Dans le cadre du programme 119 (écoénergie), nous nous intéressons depuis plusieurs années, à l’étude de la dépense énergétique du Manchot Royal (Aptenodytes patagonicus) à terre, notamment chez des animaux reproducteurs. Ces oiseaux marins présentent la particularité d’alterner des séjours en mer d’alimentation (essentiellement du poisson) et des séjours à terre, pendant lesquels ils jeûnent (parfois pendant plus d’un mois). Animaux coloniaux, ils sont également soumis aux aléas climatiques. Nous essayons donc de mieux appréhender quels sont les mécanismes adaptatifs comportementaux et physiologiques de ces animaux face aux différentes contraintes auxquelles ils doivent faire face (nutritionnelle, sociale, et environnementale).
Cette année, l’accent a été mis sur la compréhension de l’influence du parasitisme chez le manchot, d’un point de vue énergétique. En effet, la présence de parasites (tiques) implique un coût énergétique pour l’animal infesté (augmentation des défenses immunitaires ? Temps passé au toilettage ? Diminution des signaux sexuels secondaires, représentés par leur coloration ?). Nous essayons d’estimer ce coût. Pour cela notre travail quotidien consiste à suivre différents couples au cours de leur reproduction et de réaliser différentes mesures selon un protocole bien défini : prise de sang, mesures biométriques (longueur d’aileron ou de bec par exemple), enregistrement de la fréquence cardiaque et de l’activité, mesures colorimétriques, observations comportementales.
Nous étudions également les conséquences d’un jeûne prolongé d’individus en échec reproducteur sur leur habilité à reconstituer leurs réserves corporelles. Il arrive que les individus abandonnent leur œuf ou poussin, lorsque leur relève tarde trop, et doivent effectuer un voyage alimentaire en mer dont les stratégies pourraient être différentes de celles des individus relevés normalement. Une comparaison sera donc faite entre ces deux cas, et pour ce faire, les individus sont équipés de loggers, et nous contrôlons leur perte de masse durant le jeûne, ainsi que leur état métabolique et hormonal. Leur comportement à leur retour de mer sera également suivi.

Avec l'équipe des sympathiques campagnards d'été

Un autre volet du programme consiste à étudier le développement des poussins tout au long de l’année, pour comprendre quels peuvent être les mécanismes des facteurs influant sur leur taux de croissance lors d’un jeûne hivernal prolongé. En effet, pendant l’hiver austral, la fréquence de nourrissage des poussins diminue considérablement et ils sont donc eux aussi, contraints de jeûner pendant plusieurs semaines. Il apparait que ce passage influe sur le développement et la survie des poussins. Mais quels en sont les mécanismes ? Certains poussins seront donc suivis tout au long de l’hiver, notamment en contrôlant leur masse, taille et état nutritif, pour répondre à ces questions.
En prolongement des études antérieures, nous nous intéressons aussi à la croissance des différents tissus musculaires et squelettiques des poussins au cours de leur développement hivernal. Nous récoltons donc les individus pré-datés pour réaliser différents prélèvements. Parallèlement, le tractus digestif est analysé pour connaître la charge parasitaire interne des individus.
Le Manchot Royal est donc un excellent modèle d’étude pour comprendre les adaptations physiologiques et comportementales lui permettant de faire face aux contraintes qui lui sont imposées.
Aussi, à Crozet, en Baie du Marin, nous jouissons d’installations exceptionnelles nous permettant de mener à bien nos travaux, comme du matériel de traitement du sang (centrifugeuse par exemple) à disposition dans le temple de la science : Le Royal Palace.

Un "coq" parmi les manchots...

Benoit est parti à la dernière OP après 499 jours sur site... Nous souhaitons une mission aussi longue et encore plus intéressante à Sylvia !

vendredi 6 avril 2012

Dernière OP avant l'hivernage

N'allez pas croire que toutes les OP se ressemblent. En vérité, elles sont toutes différentes. Elles "ponctuent" la vie de la mission à des périodes précises, et soulignent l'arrivée et le départ de certains hivernants.
Celles du mois de mars est importante. Au niveau logistique, c'est la dernière avant un long hivernage de cinq mois et demi. Nous avons besoin de vivres frais et de matériels divers pour continuer à travailler. Merci aux familles pour les colis reçus, c'est appréciable...
Puis des équipes se relèvent. C'est le cas du "pool" cuisine et des ouvriers spécialisés de l'infrastructure. Enfin, les campagnards d'été s'en vont. Nous passons de 34 à 22.

Tiphaine et Franck assurent la sécurité sur la DZ


Notre nouveau cuisinier, Jean Fabrice, arrive avec le courrier


Eddy, de St Joseph est un ouvrier contractuel habitué des TAAF

Ce départ, nous l'avons préparé bien avant. Je vous parle ici de la partie "humaine" de l'escale. Barbecue, journée des partants, soirées...en voici quelques photos, qui ne traduiront jamais la véritable émotion de ces moments magiques.

C'est parti pour une séance de jeux "exotiques"!


Une chanson spéciale avait été préparé...


La météo fut clémente. Le majestueux navire amiral des TAAF est arrivé le 21 en fin de journée. Après quatre jours intenses de travail, il est reparti pour se diriger vers l'archipel de Kerguelen avec 14 "Crozétiens" à son bord.

Le moment du départ pour Régis et Armel


Sylvia dit au revoir à Morgane avec émotion...


Moïse et Armel une dernière fois réuni


Nos deux plus anciens hivernants, PAX et BEN


Le (très) sympathique BEN est enfin libéré...


Tous le monde attend le départ


Les deux derniers, BEN et PAX pour le tour d'honneur en hélico de la base


Un dernier regard vers le Marion qui quitte doucement l'île


Deux hivernants vont tout spécialement nous manquer, PAX et BEN, sur base depuis novembre 2010. Les derniers de l'ancienne mission. A tous, mais en particulier à ces deux très sympathiques scientifiques, nous vous souhaitons bon retour dans vos familles. Vous nous manquez déjà...