mardi 31 janvier 2012

Baleine franche australe à Cap Chivaux

Lors d'une sortie "ECOBIO" il y a deux jours, qu'elle ne fut pas la stupeur de nos hivernants en découvrant cette magnifique baleine franche australe à quelques mètres du rivage.
Même si son terrain de chasse est l'antarctique (et la zone subantarctique), ce cétacé est rarement aperçu si près des côtes de l'île de la Possession.
Philippe, notre "BIBCRO" a pu immortaliser ce moment magique.

L'approche majestueuse du cétacé 

La baleine juste devant la cascade du "cap Chivaux"

Le souffle en V caractéristique

La baleine franche australe, également appelée "baleine noire australe" ou simplement "baleine australe" peut atteindre 13 à 17 mètres de long pour 30 à 50 tonnes. On en comptabilise environ 7000 individus. Elle se nourrit de plancton. Sa particularité est d'avoir une gueule ornée d'énormes callosités ou se fixent des crustacés parasites.

mercredi 25 janvier 2012

PARTEX volet 4 : L'armée de terre (1)

Il est temps de vous présenter, quasiment à la mi-parcours de l'hivernage, le volet "armée de terre" des PARTEX détachés à CROZET pour cette 49ème mission. L'armée de terre est orientée sur les postes "Infrastructure" et "Garage".  Trois sous-officiers et un militaire du rang alimentent les fonctions de "chef INFRA" (Nicolas), "Chef garage" (Philippe), "Chaud et froid" (Bruno) et "Plombier" (Philippe).
Ce blog étant celui de la mission, je laisse la parole à Nicolas qui va présenter la première partie.

L'adjudant Nicolas LEDIER

"L’infrastructure à Crozet"

Quelle différence par rapport à Lyon, Castres ou St Denis de la Réunion ? Pas grand-chose à part que Crozet se situe à 3000 km de la Réunion au milieu de l’océan Austral et à mi-chemin du pôle Sud. L’acheminent dans cette zone ne se fait que par navire et celui-ci nous ravitaille tous les 3 mois environ...

Alors le travail se complique un peu, l’approche n’est plus la même. Travailler, gérer une équipe, les commandes de matériels et matériaux dans ces conditions là n’est plus ordinaire. Un paramètre qu’il ne faut pas oublier de prendre en compte dans sa programmation de travaux parce qu’il a son importance, c’est la météo. Il faut anticiper, prévoir, avoir 1, 2 plans de secours, s’adapter, innover, être réactif et patient.

Ce « paradis austral » possède toute l’infrastructure dont une ville à besoin pour exister et vivre. Une centrale électrique, un barrage, un château d’eau, un restaurant, une salle de cinéma, une chaufferie, une caserne de pompier, des ateliers techniques, une salle de sport, des logements, une cuisine, des magasins de stockages, une poste, un centre TELECOM, un magasin d’approvisionnement, une chapelle, une plage, un ponton, des laboratoires spécifiques, une « mairie », une zone de stockage pétrolier et des pistes. Une base de 600m de diamètre environ répartis en 2 zones distantes de 1,5 km. Évidemment tout n’est pas neuf et cela demande une attention particulière et un regard plus attentif au vieillissement de l’infrastructure. Ce qui explique l’investissement financier du siège et la qualité du recrutement au niveau des personnels.

"CASTO", le magasin

Le barrage

Le château d'eau











































Pour permettre aux scientifiques de réaliser leurs programmes dans les meilleures conditions, toute une équipe est mise en place pour gérer toute la partie « Logistique »….. On trouvera, des mécanos engins et moteurs, un électricien, des ouvriers polyvalents BTP, un frigoriste, un plombier, un technicien TELECOM, un gérant postal, un logisticien et notre « maire » (le chef de district). Peu de monde, 14 logisticiens et administratifs pour faire tourner cette base, donc il faut des spécialistes, aguerris et disponibles.  

Will aux commandes du "Manitou"

Les engins de chantiers sur la plage

Nous sommes équipés de matériels divers ce qui permet de couvrir tous les types de travaux. En résumant, nous avons un tracto pelle, un manitou, une PPM (engin de levage de 18t), 1 tracteur agricole, 3 remorques, 1 mini pelle, 2 bétonnières. Voilà pour le gros du matériel, mais il faut l’outillage à main, spécialisé ou pas en fonction des travaux à accomplir; afin de ne pas vous ennuyer je ne dresserai pas l’inventaire. On ne manque de rien et au besoin les autres services peuvent nous dépanner en outillages.

Il faut stocker nos matériels et matériaux. Pour cela je dispose de plusieurs bâtiments et zones sur la base. Une attention accrue est portée sur le stock. On doit avoir de tout dans la limite du raisonnable mais pas en grande quantité. Les rotations sont régulières pour éviter de stocker des pièces qui ne serviraient pas tout de suite. Nous ne sommes pas les seuls, il faut penser aux 3 autres districts et les finances ne sont pas extensibles…alors le mot d’ordre est « gestion serrée ».

"CASTO", un magasin...


...très complet...


...excessivement bien rangé...


...géré en flux tendu !





















Cette équipe est composée de 7 personnels, originaire de la Réunion ou de la Métropole, qui pour la plupart ne se connaissaient pas et vont pourtant devoir travailler ensemble. L’entraide est omniprésente sur la base, tant au niveau d’une même équipe qu’entre les différents services. Il n’est pas rare de prêter main forte à des collègues qui sont seuls ou qui ont besoin d’un engin particulier (tracteur, tractopelle, etc.).

Petite présentation simpliste des personnels.  

Philippe, originaire de Grenoble (38), militaire (chasseur alpin) est notre plombier-chauffagiste et métallier,
Bruno, originaire de Picardie (02), militaire (Commissariat de l’Armée de Terre) est notre chauffagiste, frigoriste et ensemble cuisine.
Willy, originaire de St Pierre (Réunion), contractuel, est ouvrier polyvalent et conducteur de Manitou (engin de chantier à fourches). (4ème mission)
Simon, Franco-colombien, contractuel, est ouvrier plaquiste et polyvalent. (1ère mission)
Jean Hugues, originaire du Port (Réunion), contractuel, est ouvrier polyvalent et conducteur de la PPM. (9ème mission)
Julien, originaire de Bretagne, contractuel, est ouvrier couvreur, bardeur, zingueur. (1ère mission)
Et moi, Nicolas originaire de Castres (81), militaire (Troupes de Marine), responsable de l’équipe infrastructure.

Le sergent-chef  Bruno ALONSO du RPC


Le caporal-chef Philippe AMORE du 93e RAM


L'adjudant Nicolas LEDIER du SID Lyon

Issue de l’armée de terre, je fêterais cette année mes 18 ans d’armée. Avant mon affectation à Crozet, j’ai travaillé à Lyon au sein du SID (Service Infrastructure de la Défense) pendant 2 ans. J’étais chargé de récolter, de synthétiser et piloter les différents avancements des chantiers (les plannings des travaux, suivi de la comptabilité) sur la région de Lyon. Mes différentes expériences m’aident à gérer les travaux ou les études qui me sont demandés par le siège. Diriger une équipe de 6 personnels qualifiés, ne m’effraie pas et me motive ! Par le passé, j’ai eu à gérer jusqu'à 40 personnels, des travaux longs et complexes avec des plannings de réalisation des plus serrés. J’ai travaillé avec des militaires ou civils de la défense, et former des jeunes volontaires au RSMA de la Réunion et de la Martinique. De plus, et j’en suis fier, retrouver des Réunionnais, 10 ans après ma mission au 4ème RSMA à Hellbourg me fait chaud au cœur. Willy a également été volontaire au RSMA juste après mon départ en 2002. Quelle coïncidence ! Que de bons souvenirs de l’ile Intense...

Je suis originaire de Castres dans le Tarn.  Le pays de l’ovalie, de l’ail rose nature ou confit, du cassoulet, du pumpet et de nombreuses choses encore. Mon épouse et mes 2 enfants résident là bas et suivent mon hivernage. Ils sont depuis longtemps au courant de mon désir de vivre cette expérience et se sont impliqués fortement dans la préparation. Il est parfois difficile d’expliquer aux proches et à l’entourage professionnel le choix d’un départ au bout du monde, loin de tout. Les questions posées sont souvent les mêmes ; pourquoi partir là-bas, qu'y à t'il à gagner, c'est une punition ? tu fuis des problèmes ? etc.… Eh bien NON ! C’est un rêve, un choix volontaire et réfléchi. Il y a ce coté aventure, isolé au milieu de l’océan, à l’écart de ce monde où tout va vite. Cet hivernage est aussi pour moi, le moment de se retrouver, de faire le point sur soi, de réfléchir à une prochaine orientation, de faire une pause professionnelle. Je suis passionné par l’informatique, les jeux en réseau, l’architecture, le bricolage. J’ai beaucoup pratiqué la natation et je suis un passionné de rugby. Je supporte le Castres Olympique.

Un fervent supporter du CO !

Sur la base je me suis investi dans la gestion des festivités, l’organisation des soirées et la gestion de l’espace détente. Cela me permet de me changer les idées, bien que les jours ne se ressemblent pas. Ici nous avons chacun un métier, des responsabilités et des tâches annexes. J’ai eu l’occasion de partir en « manip », terme pour désigner les sorties sur le terrain, avec des scientifiques ou le technicien TELECOM et le médecin pour réparer une antenne relais hors service. Lors de l’une d’elle, j’ai vu un groupe de 7 orques à moins de 5m de la plage où j’étais en mission « observation orques ». Un bonheur immense et un cadeau unique.

Contribution scientifique sur un bébé manchot


Aide pour réparation de l'antenne du relais 26

Oui le métier de responsable infrastructure est vaste, lourd en gestion, compliqué mais Ô combien passionnant. Quel plaisir de l’exercer sur une île, dans une zone "unique au monde" avec des moyens humains, matériels et financiers plus que convenables, dans un seul but celui de comprendre le passé, de maintenir le présent et de préserver l’avenir de notre planète bleue. Tout cela avec une mixité sociale et culturelle mais où les rapports humains ont encore une signification.

Je vous remercie d’avoir lu cet article et j’espère avoir éveillé votre intérêt pour ma spécialité et pourquoi pas et je le souhaite l’envie de découvrir ce paradis dans les 40ème rugissants."


Merci beaucoup Nicolas !

En complément d'information, vous aurez un reportage sur les hivernants "militaires" réalisé par deux journalistes de la DICOD lors de la dernière OP (OP4/2011) de  26' sur LCP (le journal de la défense) en juillet 2012.

vendredi 20 janvier 2012

Deux palangriers sur Crozet

Avoir la visite d'un navire, c'est un évènement. En accueillir deux, c'est l'allégresse ! Le 19 janvier 2012, en fin d'après-midi, deux bateaux de pêche ont mouillé dans port Alfred. 

Le "Mascareignes III" et le "Cap Horn"

Le Mascareignes III a demandé une assistance médicale pour l'un de ses membres d'équipage. En effet, il est difficile pour ces pêcheurs de l'extrême de faire face à des imprévus en matière de santé. Cela "tombe" bien, la base a les moyens de les fournir (un médecin et des moyens techniques performants). Le "BIB" a pris en compte le malade, qui a pu repartir pour la campagne de pêche dans la ZEE de l'archipel.

Le zodiac du "Mascareignes"

Dans le même temps, et sans se concerter, le capitaine du "Cap Horn1" nous demande l'autorisation de se "dégourdir" les jambes, à l'issue d'une période de mer de deux mois environ. Celui-ci a terminé son quota sur Kerguelen et Crozet, et va faire route vers la Réunion. Permission bien évidemment accordée !
Au total, 9 marins ont débarqué pour une période de deux à trois heures. 
Les navires nous ont offert du poisson frais. Nous leur avons offert l'hospitalité australe.

Le "youyou" du "Cap Horn"

Les bateaux prêts au départ



lundi 9 janvier 2012

La 49ème a enfin sa photo "mission" !

Nous avons atteint notre maximum au niveau des effectifs (41), entre OP3 et OP4. Il fallait donc faire cette fameuse photo "souvenir" avant le départ des hivernants.
Je vous la présente. 



Vous avez droit à un "bonus". Le Marion Dufresne est passé par l'île de l'Est en quittant l’île de la Possession. Le survol (de la réserve naturelle par hélicoptère) de la baie des naufragés nous a permis de découvrir le refuge qui servit autrefois aux équipes détachés de la base temporairement sur cette île magnifique.


OP4 sur la base Alfred Faure

La dernière OP de 2011 aura eu lieu en janvier...2012 ! Cette rotation nous a offert l'occasion de rencontrer le "patron" (Le Préfet Christian GAUDIN, administrateur supérieur des TAAF), mais également le Directeur de la réserve naturelle (Monsieur Cédric MARTEAU) et la nouvelle responsable "boutique" du siège, également chargée du tourisme (Mlle Mathilda MOUTOUSSAMY). Deux journalistes de la DICOD (Département de la communication du ministère de la défense) étaient également présent afin de réaliser l'interview de quelques militaires en détachement sur la base.

Le Préfet des TAAF


Mr Cédric MARTEAU et les journalistes de la DICOD


Mathilda MOUTOUSSAMY, chargée du tourisme














Mais une OP, c'est une courte période ou nous récupérons du fret (on en fait aussi "partir", les déchets, par exemple). Tout le monde participe, avec sérieux et professionnalisme.

Héliportage de container


Héliportage de filet


Décrochage du filet


Dépotage rapide du fret sur la DZ


Une équipe toujours souriante !


L'arrivée traditionnelle du courrier postal


Notre Gildas très concentré


Nico au commande du Manitou

Nous avons eu la chance d'accueillir en transit les deux artistes de "L'atelier des ailleurs", avant leur arrivée à Kerguelen.

Débarquement du "plasticien" et du "photographe"

Beaucoup de monde sur base, on revoit le dispositif en matière de restauration : buffet obligatoire ! Mais la qualité est au rendez-vous. L'accueil est important dans les terres australes.





Une "petite-Marie" serviable


Une "petite-Marie" dévouée













Mais le moment le plus difficile, c'est de voir partir des hivernants. Huit départs cette fois-ci, l'émotion est très forte. Certains sont restés sur l'île quatorze mois...
Au revoir Carole, Laetitia, Nina, Max, Robin, Jean-Pierre, jean-Michel et Pierre. Nous ne vous oublierons jamais.

Le comité de départ IPEV


4 "partants" : Max, Carole, Robin et Laetitia


Max au départ

Commémoration des 50 ans

Il y a cinquante ans, très exactement du 20 décembre 1961 au 03 février 1962, la première mission s'est installée sur l'île de la Possession.  Ces 13 premiers "hivernants", dirigés par l'ingénieur de la météorologie Alfred Faure ont connu des moments exceptionnels auquel il fallait rendre hommage.

Le panneau "souvenir" des 5 premiers hivernages

La 49ème mission a accueilli, à cette occasion, Monsieur le Préfet GAUDIN et son épouse (en qualité de passagère payante), et un des survivants de cette glorieuse épopée, Monsieur Michel CHAPUIS.

Arrivée de Monsieur le Préfet

Michel CHAPUIS devant le tableau mission

Monsieur CHAPUIS s'est tout d'abord recueilli à la "Baie du marin". En effet, sa mission provisoire - en attendant d'installer la future base "Alfred Faure" 130 mètres plus haut au pied du mont Branca - avait réveillonné 50 ans plus tôt à l'emplacement de l'actuel "Wharf". 

Recueillement sur la plage


Discours du chef de district



Remerciements à Monsieur CHAPUIS


Michel CHAPUIS raconte son expérience


Le Préfet et Mr CHAPUIS dévoile la plaque


La médaille commémorative et le diplôme


Mr CHAPUIS se positionne sur la plaque


Remise des médailles aux hivernants


Un auditoire attentif !


L'endroit du premier débarquement


L'émotion est forte. Comment pouvons-nous un instant imaginer les conditions de vie de cette première mission, qui n'avait absolument rien sur place ? Les échanges avec Monsieur CHAPUIS seront nombreux.
La cérémonie s'est déroulé le deuxième jour de l'escale d'OP4. Après un discours du chef de district et de Monsieur le Préfet, Michel CHAPUIS a évoqué son expérience sur Crozet, prélude, rappelons-le à un hivernage d'un an sur l'île d'Amsterdam directement après avec le GALLIENI.

Merci, Monsieur CHAPUIS, l'ensemble de la 49ème mission, mais également la grande famille des TAAF vous remercie pour votre passage.