lundi 27 septembre 2010

9 Septembre 2010 - Début des exercices


La mission s’installe au fil des jours. Toutes les saisons se succèdent depuis notre arrivée, souvent dans la même journée, avec une lumière étonnante sur l’Ile de l’Est qui ne cesse de jouer à cache-cache. Kundera a écrit « Que pouvons nous demander de plus que d’être heureux un instant ? ». Un conseil, passez par Crozet …

Pas vraiment le temps de souffler cependant. Le Marion Dufresne à peine parti, l’Ile Bourbon s’est annoncé, au matin du 31 août, aux portes de la baie du Marin pour une escale médicale rapide, heureusement sans gravité. L’occasion de rappeler, si besoin était, la nécessité de former tous les arrivants à la sécurité et aux soins médicaux de base. Sylvie, la bibcro, a délégué à Vincent, notre chef de garage, qui est moniteur premier secours, la formation qui manquait à certaines personnes, et s’est lancée dans l’organisation du premier exercice de brancardage de la 48e mission :


Nous nous sommes retrouvés dans le bâtiment de la Vie-Com. Le but était que chacun soit initié, revoit ou améliore les techniques de relevage, dépose et brancardage de victime.

Après avoir écouté la théorie expliquant les raisons des différentes prises, chacun s’est prêté, avec sérieux et enthousiasme, au jeu de la victime ou du sauveteur afin de percevoir les difficultés et la faisabilité des gestes.


Après divers exercices, toujours à la VieCom, la séance s’est terminée par un brancardage simple de victime avec 4 sauveteurs entre la Vie-Com et l’Hôpital.


































Le but était d’appréhender les difficultés qui pouvaient être rencontrées : couloir étroit, virage, ouverture de portes, escaliers et arrivée dans la salle de soins de l’hôpital. Les difficultés repérées ont été surmontées par des actions simples et validées dans l’instant. Un crochet ou dispositif similaire, pour maintenir ouverte la porte intérieure du sas de l’hôpital, sera installé.

L’exercice s’est terminé à 12 h 20 dans la bonne humeur, notre victime du jour, Nico, le chef infra, s’étant relevé dans une forme éblouissante.

lundi 13 septembre 2010

OP 2 - 25/29 août 2010 - V'là la 48e


Si septembre est synonyme d'impôts pour la majorité des Français, le mois d’août, dans les terres australes, est synonyme de … RELEVE ! Et le temps est venu pour la 47e mission d’accueillir la 48e mission et de regagner le Marion Dufresne sous les adieux de leurs successeurs et les larmes des bidous pour lesquels l’heure de la relève n’est pas encore arrivée. Un an de découverte, d’émotions et de moments partagés qui s’achève pour les uns et qui commence pour les autres.








Crozet, fidèle à elle-même, a réservé un accueil frileux aux nouveaux arrivants. La neige en ce petit matin du 25 août 2010 s’accroche encore aux sommets et aux pentes de l’île que l’on découvre au petit jour tandis que le vent s’acharne de plus belle sur des cimes déjà pelées.
Elle se mérite cette île !









Traditionnellement, la première rotation de l’hélicoptère est consacrée à l’acheminement sur la base Alfred Faure du courrier et du nouveau discro.

(Photo : Tanguy)
Au fur et à mesure des rotations, la 48e arrive sur base, accueillie par une boisson chaude et des viennoiseries réconfortantes.

Chacun rejoint son binôme pour le début de la passation de consignes et, le 26 au soir, l’écharpe tricolore et la clef du district sont remises par Sylvain, chef de district de la 47e mission à Marianne, chef de district de la 48e mission qui pose pour la postérité sous la présidence de Sébastien Mourot, représentant officiel du préfet.


(photos : Camille)
La 48e mission est désormais officiellement aux commandes et les opérations se poursuivent, après divers soucis météorologiques ou techniques, jusqu’au dimanche 29 août.

Les slings se déroulent en coordination avec l’OPEA, sous le pilotage d’Aurore(appro) qui a pris les affaires en mains, et sous la surveillance bienveillante d’Hervé, prêt à intervenir si nécessaire.

Charger, décharger, ranger … le garage devient le lieu de rassemblement de ce dimanche matin.













Le brouillard se referme sur Alfred Faure en fin de matinée et c’est sans bruit que le Marion Dufresne s’éloigne.
Enfin chez nous !

lundi 31 mai 2010

La Stache Académy

Animateur vedette de la Stache Ac
Début mars, la terre tourne. En France les élections régionales battent leur plein, en Italie les implants mammaires sont interdit, a Vancouver la météo perturbe les J.O. d’hiver, en Afrique les audiences de la Ferme Célébrité restent très mauvaises, aux Etats Unis les militaires peuvent désormais utiliser Twitter ou Facebook, la cagnotte du tirage Euro Millions du vendredi 05 mars 2010 est dotée de 44 millions d’euros et le Réal Madrid reste le club de football le plus riche du monde.

A Crozet ces informations nous parviennent via internet et son relayées par le BCR (Bureau de Communication et de Radio) par l’impression quotidienne de quelques feuillets d’information. Pour autant assez peu d’individus s’y intéresse vraiment. Personne ne prend part aux luttes en cours en métropole ou à la Réunion. En revanche depuis huit jours près de la moitié des habitants de l’archipel sont engagés dans une toute autre compétition.

L’initiative est venue d’une poignée d’individus toujours porteurs de nouvelles idées. Elle a été lancé en l’honneur de notre désormais célèbre Chef « centrale », Hervé plus communément appelé Vévé. Hervé est en charge du bon fonctionnement de la centrale énergétique de la base. Parallèlement, il est responsable de la sécurité sur base, mais il possède également une autre particularité : c’est le seul et unique homme à moustache de tout l’archipel de Crozet. Or il semble qu’au fil du temps cet attribut admiré de tous ait fini par faire quelques envieux. D’où l’idée de lancer à l’échelle du district un grand concours de moustache : la Stache Académy.

Candidats aux moustaches masquées

Séance d'intimidation

Regard masqué et moustache mexicaine

Loin des plateaux TV, des studios d’enregistrement et des magasines spécialisés, La Stache Académy est un concours doté de petits moyens : quelques bénévoles, un flyer et une feuille d’inscription. Pour autant, dés son démarrage il à rapidement pris beaucoup d’envergure. 14 inscriptions en moins de 3 jours soit près de la moitié de la population masculine de l’archipel.

Son succès s’est révélé tellement fulgurant qu’il a aussitôt attisé les convoitises de quelques demoiselles, moins nombreuses mais non moins soucieuses de participer elle aussi à un concours d’envergure. C’est ainsi qu’il y a désormais deux compétions en cours sur Crozet : la Stache Academy pour les moustaches et la Selles Academy pour les aisselles. Une grande première !

Place au jury

Membre du jury, déguisée aussi

Séance de notation

Fort de ses nombreux inscrits, la compétition est officiellement commencée depuis le 22 février à 08H00. Ce lancement matinal de début de semaine à donné lieu à une photo inaugurale pour laquelle tous les concurrents y compris Hervé (inscrit premier candidat d’office) se sont tous présentés rasé de près sans barbe ni moustache. L’apparition d’Hervé sans sa moustache, au premier jour du concours, à fait la une de toutes les discussions. Certains persuadés de le trouver rajeuni, les autres inquiets sur la difficulté à vivre une telle transformation.

Le premier jour du concours fait l’effet d’une cure de rajeunissement collective. Les barbus retrouvent leur profil imberbe de jeune premier et tout le monde s’étonne de découvrir de nouveaux visages. Cette transformation collective et le top départ du concours occupent tous les esprits.

Moustache mandarin

Zorro est arrivé

La première semaine, les moustaches sont au centre de toutes les conversations. D’emblée, on distingue deux catégories de candidats, ceux qui se taillent la moustache tous les jours et qui par ailleurs sont rasés de près et ceux qui s’en tiennent au règlement et se laissent pousser la barbe en attendant de se tailler la moustache une fois par semaine, comme l’exige le règlement.

Les premiers ont déjà élaboré leur projet de moustache et tentent de glaner ici et là quelques éléments sur les meilleures techniques de taille. Tondeuse rasoir ou ciseaux, chacun y va de ses commentaires. Les seconds laissent faire le temps et se tiennent tapis dans l’ombre attendant l’issue de la première semaine du concours pour dévoiler leur plan.

Cette nouvelle étape est à nouveau la source de discussions animées. Les esquisses de moustaches font débats. Tous se voyant déjà en haut de l’affiche et futur grand vainqueur du concours. Pour autant dans la réalité, les moustaches poussent doucement. Les candidats commencent à mesurer que le temps imparti au concours sera court et réalisent qu’ils vont devoir faire preuve de beaucoup d’attention et de mobilisation pour mettre en avant leur attribut.

Les discussions portent désormais sur les épreuves du concours, celles qui auront lieux au cours de la grande cérémonie de clôture prévue à la veille de l’OP de mars.

Apérétif: coulis de framboise au vin blanc

Ce n'est pas une moustache, c'est un Cap...

L’épreuve portant sur la customisation de moustache fait fonctionner les imaginaires. Moustache en tirebouchons, moustache options Dali, moustaches colorées tout est permis et les idées vont bon train.

D’abord assez discrètes, les moustaches finissent par apparaître en nombre conséquent et par se montrer de plus en plus proéminentes. Fournies, touffues, généreuses, soignées, broussailleuses, ou encore négligées ; toutes se forment progressivement un caractère bien défini qui ressemble bien souvent à celui de leur propriétaire.

Les moustaches sont partout et on ne voit plus qu’elles.

Le 12 mars 2010, Daniel Petrasek, un navigateur tchèque en solitaire fait une escale surprise en baie du marin. Quand il met le pied à terre sur l’île de la possession, il découvre soudainement … une ile de moustachus. Parti depuis 4 ans pour sillonner le monde, Daniel arrive à Crozet au terme d’un incroyable périple : Allemagne – Danemark – Jan Mayen – Islande – Irlande – Espagne – Portugal – Canaries - Cap vert – Antilles - Etats-Unis – Venezuela – Panama –Galápagos – Marquises – Tuamotu – Société (tu l’auras pas !) – Niue – Nouvelle Zélande (il y a deux ans) – Péninsule antarctique (avec successivement : Palmer, Port Lockroy, Vernasdky) – Shetland du Sud – Géorgie du sud - Sandwich du sud – Le Cap et… CROZET.

Descendu dans l’idée de séjourner une ou deux journées, Daniel se prend d’affection pour Crozet et ne peut s’en aller sans participer lui aussi au grand concours qui s’y déroule. Huit jours durant il s’implique dans l’ensemble des activités de la base, avec partout des moustachus en guise d’interlocuteur et de guides.

Projection de moustache sur écran géant

Epreuve du verre de lait

Moustache customisée : arc en ciel

A la veille de l’OP1, la première rotation du Marion pour cette nouvelle année 2010, le 19 mars, c’est finalement le grand soir de l’élection, celui de la cérémonie de clôture de la Stache Académy.

Pour l’occasion tous les candidats et candidates des concours de la Stache et de la Selles académie sont déguisés sur le thème cap et épée, un thème qui colle parfaitement avec l’ambiance chevaleresque qui règne désormais sur Crozet. L’objectif est bien entendu de mettre en valeur le plus ardemment possible le résultat de ces trois semaines de concours acharné.

A l’heure de l’apéritif chacun et chacune se présente donc au pied du « Cronibar », le bar de Crozet, dans ses plus beau atours. Le jury essentiellement féminin, est réuni sous la présidence de Lionel, le Chef Approvisionnement. Ce jury soudain très populaire a la très lourde tache de départager les candidats et candidates sur la base des trois critères fondateurs du règlement : le caractère esthétique, l’originalité et la teneur en lait.

Délibération du jury

Le grand vaiqueur et sa moustache a paillette

Le caractère esthétique est évalué à l’issue d’un diaporama de moustache sur grand écran et d’un défilé avec présentation détaillée au jury. L’originalité est définie à travers l’épreuve de customisation. Chaque candidat est arrivé à la cérémonie de clôture en ayant décoré ou customisé sa moustache, et l’originalité récompense les meilleures trouvailles et les plus belles réussites. Parmi celles-ci, une moustache chinoise, une mexicaine, une à paillette, une bleu blanc rouge et une autres aux couleurs de l’arc en ciel ; un festival de formes et de couleurs. La teneur en lait est appréciée au terme de l’épreuve du verre de lait. Elle récompense les moustaches les mieux imprégnées après avoir bu un verre de lait entier. La moustache chinoise sort grande vainqueur de cette épreuve.

Au final, chaque épreuve est minutieusement notée et le jury rend son verdict. Le président fait silence dans la salle puis annonce le nom des vainqueurs. Chez les hommes, le grand gagnant de la Stache Académy 2010 est.... Zorro, le grand Zorro, le beau Zorro, celui avec les deux programmes, mag et sismo. Chez les miss, la gagnante de la Selles Academy est Aurore, la grande Aurore la belle Aurore, celle en charge du programme ornitho. Pour les autres, forcément la défaite est un peu difficile, mais tous les candidats font plutôt bonne moustache.


Clôture du concours

Séance de rasage sous les projecteurs

Gros plan sur le vainqueur sans les paillettes


La Stache académie continue et le clou de la soirée est attendu pour minuit. A l’heure dite, quand sonne la cloche du bar, tous les candidats se sont munis de rasoir, tondeuse et autres crème à raser. Dans un mouvement de foule ils se rendent dans les loges de la vie com et tels des stars, sous le feu des flashs et des cameras ils procèdent a la plus belle séance de rasage collectif de moustache jamais enregistré dans les terres australes. Ainsi s’achève le grand concours de la Stache Académy.

Candidats et candidates de la Stache Académy de Crozet

dimanche 4 avril 2010

Prévention et secours


Caserne de Crozet

L’archipel de Crozet est à l’écart de tout système de secours classique. L’hôpital le plus proche de la base Alfred Faure se trouve à La Réunion, à plus de 3000 kilomètres.

En cas d’accident, dans l’hypothèse la plus favorable où un bateau se trouve sur zone, une évacuation sanitaire nécessite un délai minimum de six jours. Dans le cas le plus probable – absence de bateau sur place -, il faut alors compter le double soit une douzaine de jours.


En cas de sinistre ou d’incendie, il n’existe aucun autre moyen d’action que ceux prévus et organisés sur place. Les bases australes sont trop éloignées de tout centre de secours classiques pour faire partie de leur zone d’intervention, et ne peuvent bénéficier de l’appui de pompiers professionnels ou des moyens de luttes rapides, organisés depuis l’extérieur. Il en va de même en cas de catastrophe (séismes, tsunami, cyclone, pollution…).


Dans ces conditions, la prévention des risques et le respect de certaines mesures de sécurités deviennent indispensables.

PREVENTION
La prévention des risques se joue à plusieurs niveaux. Au plus haut échelon des TAAF, c’est le préfet administrateur supérieur, qui en est le premier responsable. Il est secondé dans ses attributions par un coordinateur sécurité au siège de la Réunion. Sur le terrain la prévention des risques est placée sous la responsabilité du Chef de district secondé par un chargé de prévention, responsable de la sécurité. Ce rôle est assuré par le chef centrale, également responsable de l’approvisionnement énergétique de la base.

Hervé : Chef centrale et Chef sécurité

L’application des principes de prévention donne lieu à une attention permanente et porte sur de nombreux points.


Sur la base, tous les bâtiments sont répertoriés et placés sous la surveillance d’un responsable de bâtiment. Celui-ci doit signaler tout disfonctionnement ou situation à risque dans le ou les bâtiments dont il a la charge. Au-delà de cette veille continue, tous les bâtiments sont l’objet de visites et de contrôles réguliers assurés en interne. Le contrôles des détecteurs incendie et des reports d’alarme est assuré par l’électricien, celui des extincteurs par le chef centrale… Les besoins de réparation éventuels sont placés sous la responsabilité du chef infrastructure.

Deux fois par an, une commission spéciale (Hygiène, Santé et Conditions de Travail), composée des principaux responsables de la prévention sur base, passe en revue chacun des bâtiments et vérifie l’existence et la pertinence des éléments de sécurité : plan d’évacuation, sortie de secours, détecteurs incendies, extincteurs, inventaires des produits dangereux et des fluides, équipements de protection individuels …Ce travail fait l’objet d’un compte rendu livré au siège. Il sert de base à tout projet d’amélioration des bâtiments.


Plan d'évacuation du bâtiment de vie Commune
L’utilisation des équipements de travail et des machines outils est soumise à des conditions particulières, identiques à celles requises en métropole. Les conducteurs d’engins (grue, manitou …) possèdent des habilitations spécifiques confirmées en début de séjours. Par ailleurs, des contrôle périodiques de conformité sont effectués en interne sur l’ensemble du matériel présent sur base : engins de levage, appareil à pression, installations diverses… Les résultats sont envoyés au siège pour vérification.

Philippe : Chef garage

Jérôme : mécanicien et conducteur d'engins

Certains travaux donnent lieux à des mesures particulières. Le travail sur toutes les installations électriques est réservé à l’électricien qui bénéficie d’une habilitation haute tension. Les travaux exceptionnels qui présentent un risque et les gros travaux conduits par du personnel d’entreprises extérieures sont encadrés par des plans de réalisation. Les premiers donnent lieu à la rédaction d’un Plan Général de Coordination (PGC) et les seconds à l’établissement d’un Plan de Prévention (PP).

Le dernier plan de prévention remonte à 2006 pour les travaux de consolidation du wharf. Cette année, aucune entreprise extérieure n’est missionnée pour travailler sur le l’île, il n’y a donc aucun plan de ce type en cours. En revanche nous avons eu à conduire plusieurs travaux exceptionnels comportant des risques : travaux sur toiture pour la réparation d’un extracteur d’air, travaux en hauteur pour le traitement de fissures et le démontage de collecteurs d’échappement suspendus, travaux hyperbares pour la percussion de bouteilles de CO2 en cours de désinstallation. Nous avons ainsi rédigé pas moins de 6 PGC en 6 mois. Chacun de ces PGC donnant lieu à la description des risques et à la prescription des consignes à respecter. Tous ces plans sont soumis au siège, avant réalisation des travaux, pour validation.

Changement de l'extracteur d'air : vie commune



Changement de l'extracteur d'air

Enlèvement des moteurs de l'ancienne centrale

Un autre domaine de précaution et non des moindres est la prévention des risques sanitaires. Au même titre que les conditions de vie, de travail et l’hygiène, celle-ci est placé sous le contrôle du médecin qui s’assure que les règles d’hygiène alimentaire sont correctement appliquées par l’équipe cuisine et les « petites marie » : personnel chargé du service de la table et de l’entretien des locaux. Le médecin veille à la réalisation du plan de nettoyage et notamment à la propreté permanente des lieux de transformation (cuisine, boulangerie) et de stockage des denrées alimentaires (réserve, chambres froides, réfrigérateurs). Il vérifie les conditions de conservation des aliments (contrôle de température, contrôle de dates de péremption, suivi des produits transformés).

Approvisionnement chambre froide

Dépotage dans la réserve de vivres secs

Fabrice: Chef cuisine

Willy de "Petite marie"

L’eau consommée sur base est prélevée au niveau du barrage, dans une rivière située à l’ouest de la base. Elle est analysée de façon régulière par le laboratoire départemental des eaux et d’hygiène du milieu, situé à Saint Denis de la Réunion. Ces analyses sont toujours très satisfaisantes et nous évitent de consommer de l’eau en bouteille.

Pour les sorties hors base, les principales règles de prévention sont consignées dans une note de service interne, qui définit les différents périmètres de sécurité en vigueur (zones 1, 2 et 3) et les consignes à respecter pour chacun d’entre eux. Ces dernières portent sur le nombre minimum de personnes requises, les formalités d’organisation d’une sortie, les responsabilités du chef de manip, le matériel à prendre et les contacts radios à effectuer. La carte, le GPS et la trousse de secours sont de rigueur pour toutes les sorties en zone 2 et 3. Les contacts radio se font au départ et à l’arrivée de chacune des sorties et sur les points hauts de chaque transit. En cas d’absence de contact, ce document précise les conditions de préparation d’une intervention de secours.

Xavier au Contact Radio
sur le transit vers "Baie Américaine"


Point GPS vers le "col des moines"

Contact radio au "col 500"

Deux sites de l’île sont classés « montagne »: les falaises de Pointe Basse (qui comportent 7 voies de descentes sur corde) et la plage inaccessible des Moines (avec une voie de descente). L’équipement de ces voies avec des points d’encrage a pour vocation de permettre aux ornithologues d’effectuer le suivi de population des espèces recensées sur place. Pour les falaises de Pointes Basse, il s’agit des albatros fuligineux et pour le site des Moines, les otaries d’Amsterdam. Chaque année à la même période, les VCAT du programme 109 (Oiseaux et mammifères marins) se rendent sur ces lieux et descendent pour effectuer les comptages dans les meilleures conditions de sécurité possibles. En règle générale, la prise en charge et le suivi du matériel nécessaire à l’exécution des programmes sont assurés par l’IPEV, mais dans le cas présent, l’équipement des sites et le matériel utilisé pour les descentes et remontées sur corde est placé sous la responsabilité des TAAF. Ils font l’objet d’un contrôle régulier.

Falaises de Pointe Basse

Falaises des moines et de "la plage inaccessible"



SECOURS
Toutes ces mesures sont suivies de près par le chargé de prévention et respectées par l’ensemble du personnel sur base. Pour autant, personne n’est à l’abri d’un accident et rien ne garantie non plus l’absence d’incendie.

Quoi qu’il arrive, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, l’équipe de la base ne peut compter que sur elle-même et doit être capable d’intervenir et de porter assistance aux éventuelles victimes. Cette capacité d’intervention ne s’improvise pas. Elle nécessite une formation et un entraînement continu.

Il existe deux grandes catégories de formation sur base, les formations médicales et les formations incendie.

Au niveau médical, l’ensemble du personnel bénéficie de la formation Prévention et secours civiques de niveau 1 (Ex AFPS) dés son arrivée sur Crozet. Cette formation se déroule sur cinq séances couvrant une dizaine d’heures au total. Elle passe en revue la protection de la victime, l’alerte, l’étouffement … et tout le programme des premiers secours. Le personnel bénéficie également de séances d’information régulières sur différents thèmes spécifiques à une mission australe : lutte contre l’hypothermie, syndrome mental de l’hivernage, préparation au retour…
Certains autres sujets comme le brancardage sont l’occasion de procéder à des exercices pratiques. Ce travail de formation et d’information est assuré par le médecin de la base.

Exercice brancardage : pose de la minerve

Exercice brancardage : le matelas coquille

Exercice brancadage : le maintien au chaud

Exercice brancardage : Le transport

Au-delà de la formation générale des membres de la mission, le médecin est aussi chargé de former une équipe médicale d’au moins quatre personnes. Celle-ci a pour vocation de le seconder dans la mise en place des appareils médicaux et la réalisation de soins complexes. Elle peut également l’assister dans la conduite d’une intervention chirurgicale. La participation se fait sur la base du volontariat. L’équipe médicale de Crozet compte actuellement huit personnes, formées au rythme de deux séances par semaine à l’hôpital du district de Crozet. L’hôpital comprend une salle de consultation, un local radio, un cabinet dentaire, et un petit bloc chirurgical. Il est modestement doté mais tout fonctionne parfaitement. Avec le minimum, Fabien, le médecin de Crozet fait le maximum. Au cours des mois précédents, il a formé son équipe à la prise de tension artérielle, la prise du pouls, la ventilation au masque, l’habillage en casaque chirurgicale, la réalisation de radios…

Assistance médicale
Prise en charge d'un marin blessé à la main
par Fabien : le médecin


Assistance de Bruno et Hervé : équipe médicale

Jean Michel : équipe médicale

Ces formations ont déjà montré toutes leur utilité. Au cours des deux derniers mois, l’équipe médicale est intervenue à deux reprises pour porter secours à des marins-pêcheurs blessés par hameçon à la main.
La première fois, le blessé est arrivé sur base pendant que le médecin était en manip à l’autre bout de l’île. Le temps d’organiser son retour - 6 heures de transit -, l’équipe médicale avait pris en charge les premiers soins, aidée a distante par le médecin à la radio. Une fois sur place, celui-ci a pris le relais et finalisé les soins. Arrivée avec une mauvaise blessure, le patient est reparti entièrement rétabli avec 14 points de suture à la main.
La seconde fois, le blessé est arrivé avec un hameçon de dix centimètre planté dans un doigt. La prise en charge par le médecin et l’équipe médicale a eu lieu aussitôt et le patient est ressorti moins de trois heures plus tard avec un beau pansement sur la main et son hameçon dans un sachet plastique …en guise de souvenir de son passage à Crozet !


Assistance médicale d'un marin bléssé :
un hameçon de palangrier planté dans le doigt


Assistance médicale
Fabien aux commandes et Hervé pour apprendre


Le doigt libéré de son hameçon

L’équipe médicale a d’abord vocation à secourir les membres de la mission mais dans la pratique, elle est peu sollicitée pour cela. En revanche, les pêcheurs présents dans les zones économiques exclusives sont assez régulièrement victimes d’accident. La présence du médecin et d’une équipe médicale à Crozet leur est d’un grand secours car elle leur permet de bénéficier d’une assistance immédiate.

L'équipe médicale en action pour le pansement

.... et voila le résultat

Un beau pansement
et l'hameçon en cadeau


Bravo à toute l'équipe médicale

La lutte contre l’incendie constitue le second grand domaine de formation du personnel de la base. A plusieurs reprises, le feu s’est avéré particulièrement dévastateur pour les bases australes et antarctiques françaises. Avec les vents violents que nous connaissons, il peut se propager à très grande vitesse et rapidement coincer un ou plusieurs individus dans un bâtiment.
Pour parer à cette éventualité et maintenir une capacité permanente d’intervention, tout le personnel est formé à la lutte incendie et une équipe minimum, maintenue en permanence sur base. Une personne d’astreinte ne peut quitter la base sans trouver au préalable un remplaçant sécurité.

La base Alfred Faure dispose d’une caserne entièrement réhabilitée et parfaitement équipée. Chaque pompier dispose d’un équipement professionnel complet. Le branchement des manches à incendie se fait sur un collecteur approvisionné par une réserve spéciale de 15m3 d’eau. Ce collecteur, équipé de cinq bouches à incendie, fait le tour de la base et permet de secourir tous les bâtiments principaux. En secours, la base possède également un tracteur à poste avec une citerne mobile de 3 m3 pleine. Tous ces moyens sont parfaitement entretenus par le responsable prévention.

Plan d'intervention incendie

Jean Paul : Electricien et formateur exercices incendie

Allumage de foyers de feu

... et utilisation des extincteurs

Mission réussie

En cas d’incendie, la première consigne est d’alerter les secours, c'est-à-dire … l’ensemble du personnel de la base. Pour cela, il suffit de composer le 18. Ce numéro déclenche automatiquement la sirène et sonne le rassemblement général en caserne.
A partir de là commence l’organisation des secours. Chaque personne de la base connaît son rôle et les tâches qui lui incombent : le coordinateur recueille les informations sur le sinistre et oriente les actions de lutte ; le responsable de la caserne recense le personnel, contacte les zones non couverte par la sirène et signale toute absence anormale ; les pompiers s’habillent et se préparent à une reconnaissance du sinistre ; le soutien logistique met en place le matériel d’intervention (moto pompes, lance à incendie, citerne de secours…) ; le groupe d’attaque se prépare à la lutte incendie et l’équipe médicale se tient prête à répondre à tout besoin signalé par le coordinateur.

Plan de coordination des secours

Maniement de la manche à incendie


Port de l'Appareil Respiratoire Isolant (ARI)


Approche au jet diffusé

Ce résultat est le fruit d’un long travail de formation mené conjointement par Hervé, le responsable sécurité et Jean-Paul, l’électricien de la base. Tous deux sont issus de la Marine Nationale et parfaitement aguerris aux exercices de luttes incendie. Expérimentés, ils connaissent et maîtrisent les procédures et le matériel d’intervention.

La formation du personnel est continue et suit un programme précis. Les exercices prévus par ce programme sont diversifiés et de plus en plus aboutis. Le plus simple porte sur le déclenchement de l’alarme et les premières consignes à suivre pour éviter la propagation d’un incendie. D’autres exercices permettent d’apprendre à utiliser un extincteur, à progresser avec une lance incendie sous pression ou à évacuer un blessé…

Le plus complet simule un incendie assorti d’une recherche de victime. L’équipe de la centrale choisie un local et y déclenche un généfume, une personne désignée secrètement joue le rôle de la victime.
L’exercice consiste alors à identifier la personne manquante, localiser l’origine de l’incendie et déployer l’ensemble des moyens d’action pour rechercher la victime, lui porter secours et lutter contre l’incendie.
Ces exercices grandeur nature permettent aux équipes médicales et sécurité incendie de mettre en pratique leurs connaissances et d’utiliser l’ensemble des moyens matériels de secours disponibles sur base. Chaque fin d’exercice donne lieu à un débriefing ou le médecin et le chargé de prévention font le bilan de l’intervention.

Hervé à la coordination de l'exercice
Contact avec l'équipe de reconnaissance

Préparation de l'équipe de reconnaissance


Préparation de l'équipe de reconnaissance

Mission de reconnaissance dans un local enfumé

Sortie de la victime

Évacuation à l'abri du sinistre

La différence de résultat entre les exercices de début de mission, en septembre, et ceux du mois de janvier, est sans appel. Elle s’est d’ailleurs trouvée confirmée par les deux prises en charge de marins blessés.
Ces résultats confirment l’intérêt du programme de formation et nous rassurent également sur notre capacité de réaction. Ils n’enlèvent rien aux limites de notre capacité d’intervention mais ils nous permettent d’en prendre conscience et de les repousser un peu.

Au-delà des exercices, une équipe sécurité est également mobilisée à chaque Opération Portuaire (OP) lors des approvisionnements du Marion Dufresne. Composée de 4 à 6 personnes cette équipe est postée à la « Droping Zone » (DZ), là où l’hélicoptère descend les passagers et effectue toutes les opérations d’hélitreuillage. L’équipe DZ effectue les diverses manœuvres terrestres liées aux opérations de transbordement de l’hélicoptère. En cas d’accident ou de sinistre, elle utilise les moyens de lutte incendie et de secours pré-positionnés sur place.

Hervé et Jean Paul :
l'équipe de pompier lourd en poste à la DZ

Jean Baptiste : Equipe DZ

Rémi et Camille : Equipe DZ

Approvisionnement par hélicoptère


Signal de pose pour le pilote

Transfert de l'élingue sur une charge retour

Mission accomplie

Repos

Tout ce système de prévention, le respect de ces mesures de sécurités et l’apprentissage de ces moyens d’intervention sont le corollaire de la vie en milieu isolée. Ils font partie intégrante d’un séjour prolongé dans les Taaf. L’apprentissage et la quête d’autonomie suscitent par de nombreux aspect sbeaucoup d’enthousiasme et procurent une grande satisfaction. Ils présentent également des contraintes.
Certains manifestent parfois la volonté de s’en affranchir, d’autres au contraire s’y réfugient et ont tendance à les renforcer. Cinquante ans après les premières missions, les bases australes françaises se professionnalisent. Elles sont désormais bien organisées et de mieux en mieux équipées. Les mesures de préventions et de sécurités doivent suivre cette évolution. Pour autant ici aussi, il convient de veiller à ne pas pousser trop loin la tendance sécuritaire. Là comme ailleurs toute la difficulté réside à trouver le juste milieu.